Boule de gomme: grosse balloune...

En après-midi, j'avais hâte.  En fait, j'avais hâte depuis quelques jours, je patientais depuis des mois.  Hier était LE soir: j'avais eu la chance de recevoir en cadeau des billets pour le spectacle d'adieu de Jean-Pierre Ferland et c'était hier soir que ça se passait.

COMMENTAIRE GÉNÉRAL POUR TOUS

C'était très touchant, empreint d'émotion.  C'est un grand qui a pris sa retraite hier soir, devant plus de 14000 fans venus lui rendre hommage.  On s'en souviendra longtemps. 

COMMENTAIRE  POUR LECTEURS AVERTIS

Avant de quitter, j'avais quand même certaines appréhensions.  La principale: comme il s'agissait d'un événement, je craignais que le public ne force la note et en fasse obligatoirement un  événement.  Tout le monde s'attend à ce qu'il y ait trois, cinq rappels alors on va lui faire faire 8 !  On veut que les journaux parlent d'un triomphe, alors peu importe comment ira le spectacle, on en fera un triomphe. Il faut qu'on en parle encore dans 50 ans, et je que puisse dire "J'étais là".

Le public n'a pas eu la chance d'en faire un triomphe.  Bizarrement, je m'attendais à ce que le spectacle, prévu à 8h, ne commence que vers 8h30.  Je croyais que, question de faire monter l'émotion, on joue avec la patience des fans.  Pas du tout.   À 8h02, Ferland était sur scène.  Vers la troisième chanson, Les Fleurs de Macadam, le public s'est un peu dégelé et s'est mis à suivre le rythme en tapant des mains.  Ferland a arrêté sa chanson: "Même si vous arriviez à suivre le rythme, ça résonne, dans la cathédrale.  Tapez donc sur vos cuisses" (sous-entendu: "Comme ça, je ne vous entendrai pas")  Ce commentaire a donné le ton de la soirée.

J'ai trouvé le spectacle mécanique.  Une chanson était très vite suivie par une autre, laissant à peine le temps au public d'apprécier le moment.  Très peu d'adresses au public de la part de Ferland, les quelques anecdotes lancées étaient du réchauffé.   Qui n'a jamais entendu l'histoire de Ferland qui, avant le spectacle, se fait apostropher par une fan qui lui demande s'il va chanter Les Fleurs de ma cabane ?  Le robot s'est laissé aller le temps d'une chanson, Swignez votre compagnie, alors qu'il a invité une spectatrice à monter sur scène avec lui.  Autre moment émouvant: le public a chanté, spontanément, Mon Cher Jean-Pierre, c'est à ton tour.  Qui a été suivi d'un " Je ne vais pas terminer ma carrière sur une chanson de Vigneault !"  On a ri, mais était-ce vraiment drôle ?¨

Être au Centre Bell hier soir n'apportait rien de plus que de regarder le spectacle en direct via Indigo (sauf que c'était moins cher à la télé...).  Malheureusement, en tant que spectatrice, je n'ai pas participé au spectacle.  J'aurais aimé chanter avec Jean-Pierre, mais c'était la dernière fois qu'il chantait ses chansons, alors Ferland voulait les chanter tout seul.  (Il l'a dit lui-même, dans des entrevues avant le spectacle).  J'ai l'impression que, s'il n'y avait pas eu de public hier soir, ça n'aurait rien changé au spectacle.  Peut-être le Centre Bell est-il trop grand pour y développer une complicité, une intimité avec le public ?  Ferland ne semblait pas vouloir tomber dans la sentimentalité, ne voulait pas que le public soit émotif, parce que cela l'aurait forcé à l'être lui aussi.  Visiblement, Ferland n'était pas sur scène pour recevoir l'amour du public.  Ou ne voulait pas le laisser paraître.

Ferland n'avait visiblement qu'une envie, sur scène, hier soir: en finir.  Je le comprends.  Si je me préparais pour ma retraite et que la veille du jour fatidique, on me dise que ça devrait attendre quelques mois de plus, j'aurais moi aussi hâte le jour venu.  À la fin du rappel, (eh oui, il n'y en a eu qu'un seul, finalement)  la caméra a suivi Ferland dans les dédales du Centre Bell alors qu'il se dirigeait vers sa loge.  La porte s'est refermée au nez de la caméra.  Le public a rapidement compris le message.  N'esssayez pas d'applaudir et allez-vous en.  C'est ce que nous avons fait.

Suis-je satisfaite de ma soirée ?  Bien entendu !  Est-ce que j'ai pleuré ?  Ceux qui me connaissent savent que moi qui pleure n'est pas vraiment un critère, mais oui, j'ai pleuré.  C'était très touchant, empreint d'émotion.  C'est un grand qui a pris sa retraite hier soir, devant plus de 14000 fans venus lui rendre hommage.  On s'en souviendra longtemps.   Quand on en reparlera, dans 50 ans, je vous dirai "J'étais là".

Comments

[Vecteur]

Très bonne critique. C'est comme si j'y avais été moi aussi! Peut-on dire que Ferland a bel et bien mis fin au lien qui l'unissait avec son public? Triste fin.

[Regardurbain]

Enfin, un commentaire de deux personnes non vendues, qui ne sont pas des critiques artistiques trop ébahies par la grandeur du moment et contraint à respecter une ligne éditoriale.

La critique dans la presse de ce matin ne laissait pas entrevoir une telle froideur de Ferland.

Je partage, à distance, votre déception.

[MeRU]

J'étais aussi au show d'adieu de Jean-Pierre Ferland.

Voici les commentaires que j'ai émis quand je suis sortie du Centre Bell, hier soir.

"C'était sobre (je m'attendais à plus, côté scène, effets visuels...) et j'avoue que je suis un peu déçue qu'il n'y ait pas eu d'invité surprise." C'est peut-être mon côté matante... Mais en même temps, j'ai bien compris et senti qu'il vivait son dernier egotrip de chanteur.

"Ça m'a rappelé de beaux souvenirs." Je me rappelais encore des paroles de nombreuses chansons, à ma grande surprise. C'était très agréable de percevoir le murmure de la salle, qui me confirmait que je n'étais pas seule à m'en souvenir.

"Les musiciens étaient sublimes." J'ai en effet beaucoup apprécié la musique et les arrangements.
Mes moments préférés de la soirée ont été les chansons "La musique" et "God is an American". Les deux ont été de superbes moments musicaux et la première a été interprétée avec une émotion qui m'est allée droit au coeur,

Il y a une vingtaine d'années, je n'allais voir en show que MON Robert Charlebois. On m'a dit, à cette époque, que je devrais aussi aller voir Ferland, qui était tellement chaleureux avec le public. Maintenant que j'ai enfin écouté cette suggestion, je n'ai pas trouvé, hier soir, d'éléments pour approuver ce commentaire. Jean-Pierre m'a personnellement figée avec sa demande de nous taper sur les genoux, et, je suis d'accord avec toi. ses liens entre les chansons étaient un texte répété depuis des lustres.

Mais, j'ai adoré ma soirée. Je suis contente d'avoir vu Jean-Pierre pour la première et dernière fois. J'ai aimé être sur place, avec les 14000 autres spectateurs avec qui je murmurais les paroles en battant la mesure sur mes genoux!

À la fin, alors que nous croyions, dans notre grande naïveté, que Jean-Pierre reviendrait nous en chanter une autre, et que nous le regardions se rendre à sa loge, sur l'écran où défilait un générique (!), mon compagnon m'a dit: "On va pouvoir le voir gratis sur ARTV, samedi prochain!".

"Mais nous, on était là!"