Quiétude bouleversée dans les Laurentides...

La radio de Radio-Canada est diffusée presque en permanence chez moi.  Particulièrement le matin.  J'apprécie les émissions bien étoffées, les musiques à découvrir, les propos intelligents.   Ce matin, toutefois, un reportage me met  les nerfs à vif.  Le sujet ?  L'achat d'une auberge des Laurentides, le domaine Miramont, par une communité de juifs hassidiques.  Le titre du reportage ?  Quiétude bouleversée dans un petit village des Laurentides.

Je suis découragée.  Comment la quiétude est-elle bouleversée par l'arrivée des Juifs ?  N'est-ce pas les habitants de Saint-Adolphe-D'Howard qui se bouleversent eux-mêmes la quiétude ?  Expliquez-moi donc pourquoi ils s'énervent ?  Question d'éclairer ma lanterne sans attendre (après tout, je devrais peut-être m'inquiéter moi aussi...  mes parents habitent les Laurentides...  je devrais peut-être les appeler tout de suite, peut-être devraient-ils vendre tout de suite la maison avant que sa valeur ne s'effondre ?) j'ai écouté le reportage de TQS...  excusez.. Radio-Canada.

Premier grave reproche que l'on fait aux nouveaux propriétaires du Miramont: ils ont bâti une clôture autour de leur propriété.  Traumatisant.   Parce que c'est vraiment un signe clair de différence culturelle devant laquelle on doit s'inquiéter.   Pour faire plaisir à Vecteur, qui se réjouit de l'apparition de photos sur mon blogue, voici une image:

Regardez attentivement dans le coin, en bas, à gauche.  La voyez-vous, la quiétude bouleversée ?  Mais ce n'est pas tout...  À l'arrière, côté lac, ils ont osé ajouter un plastique noir.  Sur la clôture.  Extrait ici du reportage radio-canadien; question du journaliste, réponse d'une résidente de Saint-Adolphe...

Q: Donc, si je suis en bateau sur le lac, je ne peux pas voir ce qu'ils font ?
R: Voilà.  Ils ont isolé l'accès visuel.

Peut-être faudrait-il bombarder de façon préventive.  C’est vrai.  Ils ont ISOLÉ L’ACCÈS VISUEL !  Qui sait ce qu’ils sont en train de faire, derrière cette clôture ?  Ils font peut-être cuire du porc…  J’attire aussi votre attention sur Vecteur et Regard, qui ont fait bâtir, autour de leur cour arrière, une clôture.  Tenez-vous bien, ils ont ajouté, au-dessus, du treillis.  Quand ils sont debout, dans leur cour, et que nous on est debout, dans la ruelle, on ne voit pas ce qu’ils sont en train de faire.  Ils ont isolé l’accès visuel.  Le livreur de mets chinois cracheur de feu ne voit plus ce qu’ils font dans leur cour arrière…  Quand vont-ils comprendre l’importance de l’intégration ?   

Car il s’agit là d’un deuxième pan du problème : ils ne veulent pas s’intégrer.  Ils veulent rester entre eux autres.  À mon avis, tant qu’ils n’exigent rien des autres, je ne vois pas le problème. Ils demandent une loi spéciale pour interdire au public de circuler en shorts sur la rue devant leur hôtel.  Problème.  Mais ce n’est pas ce qu’ils font.  Ils veulent être tranquilles chez eux.  Ça fait des centaines d’années que les Juifs hassidiques existent.  Ils ne se sont jamais intégrés, ça fait partie de leurs croyances de rester entre eux.  Ils ne se sont même pas intégrés en Israël, vous vous imaginez quoi ?  Qu’ils vont faire de Saint-Adolphe-D’Howard un centre d’expérimentation mondial de vie en société ? 

Parmi les autres reproches, il fallait entendre cette femme dire qu’on lui avait crié des bêtises alors qu’elle passait devant le Miramont.  Permettez un peu de scepticisme.  J’ai habité pendant plusieurs années à Outremont.  J’en ai croisé, dans ma vie, des hassidiques.  Jamais aucun ne m’a adressé la parole.  Jamais aucun ne m’a même regardée.  C’est juste s’ils ne te foncent pas dedans sur le trottoir tellement les gentils n’existent pas dans leur conception du monde.  Ils ne veulent pas s’intégrer, ils ne parlent même pas le français alors qu’ils sont ici depuis des générations mais ils crient des bêtises à une femme qui passe sur la rue ?  Doute.

Autre problème:  les habitants de Saint-Adolphe-D’Howard se plaignent de la perte de l’esprit communautaire.  Maintenant, il y a beaucoup moins de touristes.  Les gens ont peur de se rendre à Saint-Adolphe.  La petite taverne du coin se plaint de la chute importante de clientèle.  « C’est pas les Juifs qui vont venir prendre une bière ici. »   Non, en effet.  Mais ce n’est probablement moi non plus qui y serais arrêtée.  Si le Miramont était tellement plein de monde, que ça attirait tellement de touristes, quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi ça a fermé ses portes ?   Qu’est-ce qu’on veut nous faire croire ?  Que, dans le petit village pittoresque de Saint-Adolphe, tout le monde se connaissait, tout le monde se saluait sur la rue ?  Que c’était l’entraide éternelle, que le marché Bonichoix du coin faisait  crédit à tous ceux qui passaient, mais maintenant que des Juifs ont acheté un hôtel, plus rien ne sera jamais pareil ?  On est à Saint-Adolphe ou dans La Grande Séduction ?

Ce serait bien si l’hôtel était resté ouvert à tous, parce que c’est un beau lieu et que la bouffe était excellente.  D’accord.  Mais arrêtons de voir le diable dans cette communauté qui ne veut que la paix.  Qui se soutient.  Qui vit ensemble.  Qui est capable de s’unir pour acheter un hôtel et en faire profiter ses enfants.  N’avons-nous pas la critique facile parce qu’après tout, nous sommes un peu jaloux ?

Comments

[regardurbain]

Je ne sais pas si on est jaloux, mais je dirais que, venant des Blanches Laurentides, ces commentaires de citoyens outrés dénotent un racisme refoulé. Tout comme d'autres commentaires dénotent une homophobie refoulée.

Je suis bien d'accord avec toutes tes opinions de ce texte. Briser la quiétude, mon oeil...

Briser le moule, plutôt!